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Sur "Le Canard enchaîné" du 20 juillet 2016 : le pacifisme intégral à l’honneur

vendredi 22 juillet 2016, par K.S.

Le Canard, sous la plume de Jean-Luc Porquet, consacre un très bel article à nos amis de l’Union pacifiste.
En voici le texte intégral, plus facile à lire que dans le document joint (mais celui-ci comporte un dessin).

(portrait Louis Lecoin)

Obstinément, onze fois par an depuis bientôt un demi-siècle, paraît une revue que les grands médias ne citent jamais, tant son intitulé semble ringard, tant le parti pris qu’elle affiche semble minoritaire, archaïque et, pourquoi pas, stupide. Chaque mois, au-dessous du titre de couverture, est imprimée cette phrase : « S’il m’était prouvé qu’en faisant la guerre, mon idéal avait des chances de prendre corps, je dirais quand même non à la guerre. Car on n’élabore pas une société humaine sur des monceaux de cadavres. » Elle est signée Louis Lecoin (1888-1971), dont on rappellera brièvement qu’il fut une des grandes consciences du XXème siècle : pas moins de 12 ans de prison à la Première guerre mondiale, 22 jours de jeûne en juin 1962 pour obtenir le statut des objecteurs de conscience (il avait alors 74 ans), un « Nobel » décerné par les lecteurs du Canard en 1966…
Cette phrase de Louis Lecoin revient chaque mois sous le titre d’ »Union pacifiste ». Aujourd’hui, après ce 14-Juillet sanglant, elle nous frappe plus que jamais : on pense évidemment aux islamistes, qui rêvent de construire leur idéal sur un monceau de cadavres et ne savent pas – ou savent trop bien – que la seule société qu’ils parviendraient à édifier ainsi ne pourrait être qu’inhumaine, un enfer terrestre, une dictature de fer et de peur.
Mais on pense aussi à tous les va-t-en-guerre qui se déchaînent aujourd’hui. Tous ceux qui n’ont, après cette tragédie, qu’un mot d’ordre : il faut cogner, taper, tuer, liquider ! C’est une guerre qu’on nous fait, alors déclarons la guerre ! Sus à l’ennemi, qu’il soit dehors ou sur notre territoire ! Faisons couler le sang, abondamment, sans barguigner, sans nous encombrer des leçons de ces emmerdeurs de « droits-de-l’hommistes » (1) ! Oui, faisons couler partout le sang des méchants, et, comme par miracle, une douce tranquillité règnera à nouveau dans notre beau pays. Lequel n’aspire qu’à la paix…
… Mais revendique le droit sacré de fabriquer des armes, d’en exporter partout, jusque chez nos amis saoudiens, et de disputer âprement tous ces juteux marchés aux autres pays : ne nous vantons-nous pas d’avoir bondi récemment à la place de deuxième exportateur d’armes au monde ? Ne passons-nous pas notre temps à ne pas vouloir réfléchir une seconde aux tenants et aux aboutissants de cette activité frénétique qui procure près de 200 000 emplois à de braves travailleurs français ?
Seuls l’ »Union pacifiste » et ses amis ont manifesté, en juin, devant les portes d’Eurosatory, le salon des marchands de guerre (« Le Canard », 22/6). Eux seuls s’insurgent contre la vente de 12 sous-marins d’attaque à l’Australie, qui a déchaîné d’unanimes cocoricos ravis. Eux seuls continuent de réclamer un désarmement unilatéral, de crier « à bas toutes les armées ! », comme le faisait l’ami Cabu, de vouloir débarrasser « La Marseillaise » de ses couplets sanglants, de penser qu’ »on n’élabore pas une société humaine sur des monceaux de cadavres ». Oui, des rêveurs…

Jean-Luc Porquet

(1) Une expression brevetée Jean-Marie Le Pen.
(2) Union pacifiste, BP 40196, 75624 Paris Cedex 13.