Accueil > Laïcité et lutte contre les lobbies religieux > Il y a 3 ans Charlie...
Il y a 3 ans Charlie...
samedi 6 janvier 2018, par
Charlie sort un numéro spécial pour cet anniversaire lourd de sens. Au moment de la tuerie, des gens hantés par la crainte de l’« islamophobie » (mot inventé par … les « islamophiles », et repris par les idiots utiles de l’intégrisme musulman) ont pu dire, plus ou moins indirectement, avec, ou sans gêne « ils l’ont bien cherché ». A se demander quelle faute de goût, quelle provocation, avaient bien pu commettre les victimes de l’Hyper-marché Kacher ?
Ces accusateurs ne sont pas seulement ceux qui opposent la lutte contre le néocolonialisme et le soutien aux victimes de racisme ou de xénophobie, à la défense de la laïcité, autrefois – encore à présent sournoisement - attaquée par les Églises chrétiennes, et aujourd’hui prise pour cible par les intégristes de l’islam et des sectes évangéliques, dont on parle peu mais qui peuvent s’avérer elles-aussi redoutables. De fait il y a, de concert, les bien-pensants de tous bords. Ceux qui ont pu déclarer pour quelques jours ou seulement quelques heures « Je suis Charlie », mais persister à croire qu’en étêtant la liberté d’expression on favorise le « vivre ensemble ». ». L’adaptation théâtre de "la Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes", texte posthume de Charb, a été prudemment refusée ou déprogrammée dans certaines villes [1].
Graffiti en hommage à Charb (in article du Nouvel Obs cité ci-dessus)
Qui donc est intolérant ? Tue-t-on avec un crayon ? [2]
Ceux qui n’acceptent aucune pensée, aucune expression autre que celles autorisées par leur religion, eux, tuent. Inutile d’énumérer les moyens, on sait l’imagination sans limite des humains pour faire souffrir, assassiner, détruire toute vie qui dérange. Inutile de comptabiliser les victimes, les lieux, les circonstances. Les médias de tous horizons s’en font les échos, l’alarme cependant s’estompant avec la distance géographique et sociologique. Et pourtant, très souvent, ce sont des musulmans lambdas qui sont, de par le monde, assassinés lors d’attentats, ce sont encore des personnes de culture musulmane mais critiques, agnostiques, athées, qui croupissent dans des prisons ou qui sont exécutées de façon officielle ou non [3]
Pour l’heure, ce numéro spécial « Trois ans dans une boîte de conserve » vaut la lecture. Les précédents également. Chaque semaine, d’excellents articles, des dossiers bien documentés, des interviews, viennent compléter ce qui s’est dit par le dessin. Où trouve-t-on aujourd’hui un périodique assurant clairement la défense de la laïcité, de la liberté d’expression ? Je ne dirai pas que Charlie est le seul, mais il est régulier, efficace, solide, sincère... et drôle bien sûr. J’y trouve à la fois ma consolation hebdomadaire et l’envie de ne pas baisser les bras, de continuer à mon petit niveau, avec la minuscule équipe de notre site. Car eux, les copains et copines de Charlie, ils s’obstinent, avec en permanence le traumatisme de la tuerie du 7 janvier 2015, et les menaces de mort incessantes, les obligeant à vivre sous protection. Eh bien, chapeau !
Léonore
[2] On peut sauver des vies avec des stylos, assure Amnesty international, même si ce sont le plus souvent des pétitions et des lettres en ligne qui sont actuellement adressées aux dirigeants sanguinaires de nombreux pays…
[3] Dans ce numéro 1328 du 3 janvier 2018, une interview de Karima Bennoune « On refuse de donner la parole aux musulmans qui luttent contre l’islamisme ».