Il n’y a pas si longtemps, dans plusieurs régions d’Europe, être suspecté d’athéisme représentait de graves dangers, un exemple flagrant en étant l’Inquisition, mais les autres versions du christianisme ne furent pas en reste en matière de persécutions.
Aujourd’hui, être athée, ou être perçu comme tel, dans un pays où l’islam est prédominant, voire religion d’État, constitue un véritable risque vital.
Il peut s’agir de bloggeur ou de bloggeuses, mais aussi juste de conversation entendue, de non fréquentation de la mosquée, de non observance du ramadan, de musique, de poésie, de critique même modérée des textes dits sacrés. Devant le danger, prison, torture, peine de mort officielle, assassinat, certains parviennent à fuir. Ainsi Djemila Benhabib, auteure de Ma vie à contre-coran, exilée au Canada où elle est encore menacée. Bien sûr, Salmann Rusdie, devant se cacher, déménager régulièrement et ne pouvoir se passer de protection policière. Et bien d’autres dont la liste serait longue.
Ici même, dans une république constitutionnellement laïque, la liberté d’expression lorsqu’elle concerne l’islam peut mener au pire, les enseignants en paient un lourd tribut - ne pas oublier : Samuel Paty - mais aussi des jeunes sur les réseaux sociaux, tels Mila dont l’expression est crue mais les propos censés, puisque, théoriquement, on est en droit d’exprimer son refus de la religion comme la critique de toute idéologie.
On sait par ailleurs que les personnes élevées dans cette religion et qui s’en écartent deviennent des « renégats » ce qui équivaut à une condamnation à mort. Ce qui est particulièrement vrai en « terre d’islam ». Mais les exemples cités plus haut montrent que face à une religion prosélyte qui veut affirmer sa loi partout dans le monde, il n’est pas d’abri sûr.
C’est pourquoi il ne peut y avoir de compromis. Ni avec l’islam, ni avec toute autre religion qui voudrait diriger la société en fonction de ses propres diktats.
Il y a en ce moment une petite guerre des mots.
Le terme d’islamophobie a été inventé par les ultras religieux, et joue sur la confusion. Confusion entre les personnes et les croyances. Confusion entre les communautés confessionnelles et les populations défavorisées en société occidentale.
L’islamo-gauchisme, mot repris par les gouvernants d’aujourd’hui, ne recouvre pas la réalité bien plus complexe des gens de gauche qui, traditionnellement, soutiennent les pauvres et les opprimés et les invitent à la révolution. Certes, beaucoup de ces pauvres et de ces opprimés, parqués dans des quartiers abandonnés aux mafias locales et aux imams, sont de confession musulmane. Attribuer à leur seule confession les difficultés de leur vie permet d’omettre, outre le racisme ordinaire, les effets délétères de la société de marché, du profit à tout prix, contre lequel l’ensemble de la gauche ne lutte plus que très mollement et collabore quand elle est au pouvoir. Ainsi se multiplient les amalgames.
Le courant anticolonialiste a aussi sa part de responsabilité. Reconnaître une valeur à d’autres cultures ne peut effacer la question du respect des droits humains. Accepter la violence des descendants d’opprimés parce qu’il y a eu violence étatique et militaire ne peut que conduire à une impasse d’incompréhension et de haine. A droite et au-delà, la laïcité à géométrie variable (indulgence pour les chrétiens, intransigeance pour les musulmans), est récupérée et trahie dans son esprit.
Fondamentalement, par la séparation du religieux et du politique (au sens large, celui d’organisation de la Cité), chaque individu y est considéré comme libre de penser, de croire, les convictions de chaque personne étant du domaine privé – ce qui permet, dans ce « creux » de libérer l’espace public des tensions et des oppositions religieuses – ou antireligieuses. Et il y a bien mieux à prendre en compte sur cette planète. Les communautarismes ont démontré leur nuisance en terme de « vivre ensemble » car il s’agit d’une vie en parallèle, sans véritable partage, ouvrant la voie à des explosions de haine.
Athées ou croyants, adeptes de telle ou telle philosophie, nous sommes tous, terriens, confrontés à des périls dont les humains sont largement responsables : réchauffement climatique, pollutions de tous genres notamment nucléaire, aboutissant à la destruction du vivant, qui atteindra la plupart des espèces, et très certainement la nôtre à plus ou moins long terme.
Alors, les attentats sanglants, tirant leur justification d’une supposée offense, ou d’une différence de conviction, d’un dessin, d’un mot, seraient finalement bien ridicules et dérisoires, s’ils ne semaient pas la mort, le chagrin et la peur.
« Tout ça pour ça » titrait Charlie après l’attaque de l’équipe dans ses locaux le 7 janvier 2015 : 11 morts. Et d’autres massacres suivirent, immédiatement après, puis au fil des mois et des années.
Ne me dites pas « Dieu est amour »…
Léonore