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« Mal nommer les choses… » (Camus)

dimanche 31 octobre 2021, par K.S.

Les chasseurs et diverses administrations emploient le mot de prélèvement pour parler de la mise à mort d’animaux sauvages. En espérant sans doute que ce terme, qui se veut seulement technique et gestionnaire, fera oublier qu’il s’agit de tuer. L’emploi de cette formule laissant bien entendre, de surcroît, que la faune constitue une ressource qu’on « régule », dont on dispose à son gré. Or ces richesses ne sont pas inépuisables, des équilibres sont rompus.

Tout récemment, dans l’Oise, des chasseurs ont abattu deux grands cerfs dont chacun avait un nom : L’Équerre et L’Araignée, emblématiques de cette forêt de Laigue. Ils ont ainsi suscité l’indignation du côté des défenseurs des animaux, le fait étant même critiqué par la Fédération de chasse locale. « Ils ont prélevé deux grands cerfs. Ils n’auraient dû en prélever qu’un. ». Toujours ce mot par lequel on tente de ne pas dire ce qu’il en est : tuer.

La chasse n’est évidemment pas la seule activité humaine source de déséquilibre écologique et de l’extinction d’espèces, la déforestation, l’extension des villes et des surfaces cultivées, la recherche du rendement, les diverses formes de pollution, tout cela y contribue. Il est vrai que les humains tendent à se considérer comme les maîtres de l’ensemble du vivant et des éléments qui leur sont accessibles : air, eau, sol et sous-sol, espace d’une façon générale. Mais il y a une prise de conscience.

En France, une très grande majorité dans la population actuelle se déclare opposée à la toute puissance des chasseurs, réclamant des jours sans chasse, voire une abolition complète, notamment la chasse à courre.

Mais, pour des intérêts électoralistes, les adeptes de la mort-loisir (au plus 2 % de la population) peuvent continuer de se comporter en propriétaires exclusifs de ce que l’on nomme habituellement la nature. Avec des dégâts sur le plan des équilibres écologiques (la multiplication des sangliers), les accidents touchant promeneurs, vététistes, randonneurs, etc…
Et toujours pas de test anti-alcoolique pour les porteurs de fusils !

Léonore