Dans certains romans d’anticipation, un sentiment d’étrangeté surgit presque à chaque page. Mais dans Quality land [1], l’impression est troublante : c’est presque déjà là !
Quality land est un drôle de pays – rival de Quantity land - où l’on détruit en les compressant les machines tombées en panne, car tout doit marcher de façon parfaite. La société de consommation est portée à son plus haut niveau. Les êtres humains en réalité augmentée se voient l’objet permanent de notation, du plus haut au plus bas, les assortissant de divers privilèges. Gare à qui dégringole… Bien sûr, on pense au « Meilleur des mondes », mais aussi au nôtre, aujourd’hui : la gabegie industrielle, le profit à tout prix et l’exclusion dans toutes les régions de la planète d’humains considérés comme des machines à produire et à consommer, ou jetées dans la rue. Sans compter la surveillance généralisée des individus, et le recours à la guerre. Mais dans le livre, c’est bien plus drôle, grâce à la satire délicieusement inventive du tout numérique et du capitalisme « parfait ». Et puis la révolte est réjouissante, vengeresse et surprenante, car les machines pensent, parlent et viennent en aide aux humains. Vous y croyez ? Moi non plus…
Ce livre ne fait pas seulement rire et sourire, il donne à réfléchir. Mais n’est-il pas trop tard ?
Eska Hesse