A propos du "darwinisme social"

par K.S.

A lire sur le site de la Convention vie et Nature, un article de Gérard Charollois, « Darwinisme social : assistanat ou exploitation. »
(http://www.ecologie-radicale.org/ac...) daté du 22 mai 2011, en phase avec l’actualité comme avec les problèmes permanents du monde dans lequel nous vivons.

Régulièrement, les dirigeants adeptes du libéralisme le plus dur, les nantis nés dans l’opulence, appellent à le rescousse Charles Darwin et la théorie de l’évolution, toujours vérifiée et affinée par la recherche, encore contredite par les créationnistes et les partisans de l’intelligent design.
D’une part, c’est oublier le rôle de l’entraide – ou de la coopération – comme l’a montré Pierre Kropotkine, aujourd’hui reconnu, d’autre part c’est dévoyer la théorie proprement dite énoncée par Darwin par des extrapolations qu’il aurait refusées. Car, contrairement au portrait qui a pu être fait de lui, Darwin certes, sur certains plans était de son époque mais avec néanmoins des idées très avancées [1].

En voici le début :

« Darwinisme social : assistanat ou exploitation.} } »

A l’instar de tous les animaux, l’humain se révèle fragile, vulnérable, sujet au dysfonctionnement gastrique, cardiaque, hépatique ou psychique.

Un cerveau, jouet des transmetteurs chimiques, des décharges limbiques, peut connaître des ratés, des pertes de contrôle, laisser s’exprimer des actes autolytiques.

Au fond, la compassion devrait ne jamais nous abandonner à l’égard de tous les êtres vivants, tous victimes de vivre.

Telle n’est cependant point la vertu à la mode.

Des personnages arrogants, au pouvoir par la volonté du peuple, éructent leurs aigreurs contre les humbles, les modestes, les non-conquistadors pacifiques et d’autres sont prompts à lyncher le bouc émissaire du jour, attirés par les crimes des foules qui se pressent aux pieds des échafauds matériels ou symboliques.

Les États-Unis d’Amérique illustrent jusqu’à la caricature la société marchande, cupide, religieuse, violente.

Un citoyen sur cent de ce pays passe un jour par la case prison, les armes accompagnent le quotidien des héritiers des exterminateurs des bisons et des amérindiens.
Dans cet étrange pays de contrastes où le meilleur côtoie le pire, les autorités viennent de manifester plus de respect pour le cadavre physique de BENLADEN que pour le cadavre politique de Dominique STRAUSS-KAHN, victime soit d’une pathologie, soit d’une méprise.

Les hommes mauvais, ceux de la domination, de l’exploitation, de la conquête, de la concurrence convoquent, lorsqu’ils tentent de réfléchir, DARWIN à l’appui de leurs forfaits.
Ils affirment que la nature sélectionne les plus forts, les dominants et élimine les individus tarés et les espèces débiles.
Ils veulent appliquer à la société humaine les lois biologiques, bien mal assimilées par leurs esprits embrumés.

Ils proclament, s’ils sont nazis, ou murmurent, s’ils sont de la « droite prétendument civilisée » :
« Mort et malheur aux races inférieures, aux untermensch, aux assistés et place aux entrepreneurs adeptes du risque » !

Outre son caractère moralement nauséabond, ce raisonnement est scientifiquement faux.
Car, la sélection naturelle révélée par les travaux de LAMARCK et de DARWIN débouche, spécifiquement pour l’humain, sur des résultats inverses.

Chaque espèce obéit à sa propre dynamique.

Ce qui fait la solidité d’une société humaine, ce qui assure sa cohésion et son développement harmonieux repose sur la capacité de solidarité, d’assistance mutuelle, d’empathie, de raffinement des mœurs et des manières.

La compétition, la concurrence, la domination, valeurs de brutes attardées, sont des comportements antisociaux, nocifs pour l’humain dont l’épanouissement passe par le dépassement de ce stade évolutif.

(Gérard Charollois
Convention Vie et Nature)