Les locaux de "Charlie hebdo" incendiés
Une ligne éditoriale de "libre-penseur" ...

par K.S.

Cette nuit du 1er au 2 novembre, les locaux de Charlie Hebdo ont été détruits par un incendie criminel. Comment ne pas faire le lien avec la parution, ce mercredi, de « Charia hebdo », un numéro spécial dont Mahomet est le « rédacteur en chef », actualité oblige, après la victoire du parti islamiste Ennahda en Tunisie et l’annonce que "la charia serait la principale source de législation de la Libye" [1]. Les islamistes n’ont pas eu à ouvrir le journal, la caricature de couverture leur a suffi.

Par ailleurs, le site de Charlie hebdo a été piraté, la page d’accueil étant remplacée tôt ce matin par une photo de la mosquée de La Mecque en plein pèlerinage, avec ces mots : "Not god but Allah" ("Pas d’autre Dieu qu’Allah").

Le directeur de la publication, Charb, se défend de cibler systématiquement les musulmans : "Nous avons critiqué beaucoup plus les intégristes catholiques. En 19 ans, nous avons eu 13 procès avec certains d’entre eux et un seul avec des musulmans. "
La rédaction rappelant : "La provocation, on la fait toutes les semaines. On a fait notre boulot. On est aussi un journal d’actualité, on commente l’actualité."
Sylvie Coma, directrice adjointe de la rédaction, sait qu’il y a des risques de récupération de l’affaire, d’amalgame entre islam et islamistes, ce qui n’est pas une raison pour se censurer :
"Mais on ne changera pas notre ligne éditoriale "libre-penseur" qui est un fondamental de Charlie Hebdo. Pour nous, dès que la religion devient un instrument politique, on le critiquera."
Le journal est dans les kiosques, parfois déjà épuisé (soutien, phénomène de mode ou agression déguisée), il ne faut pas hésiter à le réclamer, ni à demander les prochains numéros.

On pourra trouver quelques dessins sur :
http://www.lemonde.fr/actualite-med....

N’oublions pas qu’il y a seulement quelques jours, ce sont des intégristes catholiques qui se sont attaqués à la liberté d’expression et à la laïcité, en vandalisant le théâtre de la Ville de Paris qui accueillait la pièce : Sur le concept du visage du fils de Dieu de Romeo Castellucci.

On peut penser que dans la pratique, les intégrismes se soutiennent et que la faille ouverte par les uns profite aux autres. Un ami me disait il y a quelques temps, à propos de l’anticléricalisme dirigé contre le catholicisme, que c’était tirer sur une ambulance. Ces faits récents viennent de le contredire.

Qu’il soit chrétien, musulman, juif, ou de toute autre obédience religieuse ou politique, l’ordre moral est opposé à la laïcité. N’oublions pas qu’en 1966 le film « La Religieuse », tiré de l’œuvre de Diderot, avait été interdit [2] Les intolérants ne renoncent jamais… Que des ministres se joignent au concert d’indignations - saurons-nous un jour faire autre chose que de nous indigner ? - ne change rien à l’affaire.

Il faut soutenir le droit à rire de tout.

SKS