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"Mon corps m’appartient, il n’est l’honneur de personne"

mardi 7 mai 2013, par K.S.

photo : Djemila Benhabib

Après l’onde de choc dans le monde arabe provoqué par l’image de jeunes femmes arabes, exhibé leurs seins nus sur les réseaux sociaux, Djemila Benhabib, Journaliste et essayiste [1]
a récemment publié un article
ayant pour titre :

"Amina, ta liberté c’est aussi la mienne, la vôtre et la nôtre !"

En voici quelques extraits :

« Dernièrement, lors d’une interview télévisée, une journaliste québécoise m’interrogeait sur mon cheminement pour essayer de cerner le sens qu’avait pris pour moi le mot liberté alors que je venais de quitter l’Algérie pour la France en août 1994 puis pour le Québec, trois ans plus tard. Alors, la liberté, comment se décline-t-elle ? "Marcher librement dans la rue", ai-je répondu spontanément. "Mais encore ?", me demandait la jeune et ravissante blonde tout en me scrutant de ses petits yeux verts. Face à la banalité de mon propos, je sentais le désarroi gagner la voix de mon interlocutrice. "Quelle broutille !", devait-elle marmonner en son for intérieur ! »

[…]

Amina

photo : Amina

« Par moment, il m’arrivait de délaisser mon "protecteur" et de n’en faire qu’à ma tête, me glissant entre les tables d’une terrasse, seule. Les remarques désobligeantes de quelques badauds, leurs regards insistants, leurs crachats, les petits cailloux qu’ils me lançaient à la sauvette à quelques rares occasions me donnaient une frousse terrible et les mains baladeuses de quelques salopards me faisaient regretter la légèreté de mon geste. À chaque fois, je me promettais de ne plus tenter le diable et à chaque fois je recommençais. Il arrivait aussi que ces désagréments soient mis en veilleuse par les commentaires galants de quelques passants raffinés.
À vrai dire, j’aurais souhaité être transparente, invisible. Clouée à ma chaise, j’étais tel un chat sauvage, en alerte permanente d’un éventuel assaut, somme toute prête à parer à n’importe quelle éventualité. Mais sur le coup, je faisais semblant que rien ne m’atteignait. Je restais imperturbable. Digne. Était-ce ma façon de briser l’étouffement dans lequel on voulait confiner mon corps ? Certainement. Bien entendu, rien de tout cela ne se faisait sans souffrance. »

[…]

« Car une chose est sûre, les islamistes - qu’ils soient Frères, Salafistes ou quelque part entre les deux - rêvent de faire reculer de quatorze siècles les aiguilles du temps. Par ailleurs, les forces conservatrices -franchement pas modernistes et pas tout à fait islamistes - espèrent toujours nous tenir en laisse. Reste à définir sa longueur dépendamment de la conjoncture politique. Du côté des démocrates, à quelques exceptions près, les ruptures historiques sont difficiles à assumer et les hésitations encore nombreuses. On sent bien leur agacement face aux problématiques relatives à la religion, aux corps des femmes et à leur sexualité. »

[…]

« "Mon corps m’appartient, il n’est l’honneur de personne", a écrit Amina qui a posté sa photo seins nus sur sa page Facebook à la mi-mars. Le calvaire ne s’est pas fait attendre. »

Intégralité du texte à retrouver sur http://www.huffingtonpost.fr/djemil... et en pièce jointe ci-dessous.


[1Djemila Benhabib, Ma vie à contre-coran note de lecture sur http://penselibre.org/spip.php?arti....