« Les conflits c’est la vie ! »

par K.S.

La revue Réfractions, recherches et expressions anarchistes
vient de publier le n° 31 intitulé « Les conflits c’est la vie ! » (automne 2013).

Voici un extrait de l’édito :

[…] L’histoire même de Réfractions est traversée
de heurts, dont certains ont conduit au départ de membres du collectif
et qui chaque fois posent la question de savoir ce qui l’emporte,
du stimulant et du mortifère, du constructif et du destructeur.
Par ailleurs, nous savons, par les liens qui nous unissent avec
le milieu libertaire, que celui-ci est régulièrement traversé par des
différends plus ou moins profonds, notamment dans les organisations
qui le structurent, de sorte que nous en sommes arrivés à
nous dire que les questions que nous nous posions à ce propos
pouvaient être partagées plus largement.

Il est vrai que les conflits, ce n’est pas seulement ce qui traverse
un collectif, et il y aurait peut-être lieu de distinguer le conflit
externe (ce contre quoi les libertaires sont en conflit : le capitalisme,
l’État, le patriarcat, et plus généralement toutes les formes de domination)
du conflit interne (celui qui peut les diviser), et en tout cas de se demander si, dans leurs théories et dans leurs pratiques, les anarchistes développent à cet égard une conception et une attitude
singulière.

Il s’agissait
d’abord de savoir s’il était possible de définir une position singulière
des anarchistes sur la question du conflit en général, et de
leurs conflits en particulier. Il existe, chez plusieurs auteurs de la tradition anarchiste, une véritable pensée de l’antagonisme, pensée
qui, sans toutefois être jamais exempte de tensions internes (encore
heureux !), a pour point commun le refus d’une instance transcendante
qui réglerait les litiges. Ce mode d’appréhension nous a semblé
mériter d’être confronté avec d’autres, qu’il s’agisse de courants
idéologiques ou d’autres cultures. Il s’agissait en outre de savoir
dans quelle mesure les anarchistes ont pu penser et pratiquer des
manières originales de résoudre ou de désamorcer des conflits,
depuis les jurys d’honneur jusqu’aux groupes affinitaires, en passant
par la pratique du consensus formel. Aucune de ces manières
ne constitue une recette pour en finir avec la conflictualité. Elles
sont bien plutôt l’indice que l’anarchisme se confronte véritablement
aux antagonismes, y compris dans ce qu’ils peuvent avoir
d’interminable ou d’insoluble.

Ce qui nous a semblé ressortir de cette confrontation, c’est que
toute vie collective est traversée de conflits, pour lesquels se pose la
question de leur caractère moteur ou paralysant. Qu’on le dise pour
les célébrer ou parce qu’il faut bien vivre avec, les conflits, c’est la
vie…