Un extrait de « La lettre de Gérard CHAROLLOIS » sur www.ecologie-radicale.org,
datée du dimanche 6 avril 2014 et intitulée
« Les "éléments de langage" ».
« Nous vivons sous le joug d’une religion tout aussi obscurantiste que toutes les autres : l’économie.
Les partis politiques qui se disputent les attributs du pouvoir célèbrent tous ce culte en dissimulant par des « éléments de langage », leur dogmatisme et leur soumission à la dictature du Marché et de la finance.
Les « conseillers en communication » masquent par les éléments de langage les échecs, les impasses, les crimes imputables à cette religion dont la nocivité rejoint celles des autres.
Comme toutes les religions, l’économie a ses rites, ses dogmes, ses prêtres et son conditionnement culturel insidieusement entretenu par les médias propriétés des oligarques.
Mais, diront les crédules, les « démocraties » sont pluralistes, avec des élections libres, des partis politiques rivaux dont la constitution dépend des citoyens dotés de la prérogative de « changer le système », donc de saper la dictature du Marché.
Pour le crédule, le système globalisé n’a aucune ressemblance avec les théocraties et totalitarismes du passé.
Plus performante que les grossiers totalitarismes du siècle passé, la religion de l’économie a assimilé qu’un système mondialisé pouvait sans crainte tolérer des réfractaires, des décalés, des immunisés contre ses valeurs, minorité que l’on peut tolérer dès lors qu’elle ne coupe pas la main invisible du Marché et qu’un contrôle des masses grégarisées assure sa pérennité, son règne.
L’absolutisme économiste n’a que faire des procédés violents, brutaux, déplaisants en la forme des systèmes totalitaires d’antan.
Sa technique de domination est insidieuse. L’économisme dit libéral peut même célébrer les Droits de l’homme, en s’accommodant tout de même de leurs violations pourvu que le commerce soit libre.
Et voilà pourquoi, quand les peuples s’agacent, râlent, grognent, ils votent pour les plus zélés servant du culte économique.
Ces peuples acculturés élisent volontiers ceux qui prônent la loi suprême de l’entreprise, avec abandon des normes d’urbanisme (freins au bétonnage), fonte du code du travail (entrave à la libre exploitation des salariés), instauration de la libre concurrence et de la mondialisation des affaires (occasions de dumping social et écologique).
Il faut dire que face aux partis conservateurs, les partis dits de gauche ont capitulé en adoptant les mêmes « élément de langage », célébrant les mêmes sornettes.
Mais, il n’y aura plus de retour à la « croissance » des trente glorieuses, ce dont il convient de se réjouir, car la croissance génère l’anéantissement de la vie.
Un langage de vérité et de progrès dirait la nécessité de repenser le mode de développement, non pas pour régresser et se restreindre, mais pour vivre mieux, pour mieux redistribuer, pour valoriser la qualité et le vivant. »