Les attentats du 13 novembre dernier ont suscité un certain nombre d’articles ainsi que des déclarations, dont certaines nous ont été transmises, à titre d’information, par l’Union pacifiste.
On trouvera ci-dessous, en documents joints, celles qui ont suscité parmi nous des réactions et/ou des commentaires, et quelques extraits, certains particulièrement pertinents, d’autres posant question. Aux internautes de se faire leur idée…
« Demain, à coup de mesures d’urgence devenues permanentes, nous serons tous surveillés et suspects et l’Etat tout-puissant et sans contrôle. Le processus engagé par le président de la République a la forme d’une réponse martiale, il a une réalité : la restriction de nos libertés sans nous assurer plus de sécurité. […] Nous ne céderons pas à la peur dans laquelle veulent nous faire vivre ceux et celles qui font de la mort leur raison de vivre. Nous ne céderons pas à ceux et celles qui nous promettent une société aux libertés et à la fraternité limitées. » (Communiqué signé par plusieurs organisations « Nous ne cèderons pas »)
« Oui, ce qui s’est passé a un rapport avec la religion. Les terroristes n’ « instrumentalisent » pas la religion musulmane comme on le voit écrit partout, ils sont les soldats d’un mouvement politico-religieux enfanté par une synthèse du salafisme quiétiste et de la pratique politique des Frères Musulmans (qui ont dans leur programme la restauration du Califat), le tout soutenu financièrement par les pétromonarchies sunnites du Golf. Daesh n’est qu’une multinationale de la barbarie, et ses prétentions territoriales n’ont pour but que de capter des financements tirés de l’exploitation des ressources pétrolières, et non de constituer un véritable Etat.
Mais non, ce qui s’est passé n’a rien à voir avec un prétendu choc de civilisations définies par une histoire empreinte de religion, tout simplement parce que les victimes les plus nombreuses de ces barbares sont des musulmans et qu’aucune civilisation ne peut se construire sur la barbarie et sans culture. » (Edito de l’UFAL « Nommer et agir ! »)
« J’en viens à la liberté d’expression. Il n’est pas inutile de rappeler qu’après le 7 janvier, nombreux étaient ceux qui, claironnant ou murmurant « Je ne suis pas Charlie », affirmaient ou voulaient croire que ce journal de mauvais goût – il s’en honore – avait exagéré en publiant des caricatures du prophète. Ils étaient pour la liberté, certes, mais une liberté « responsable », limitée par cette vague et subjective notion qu’est le « respect ». Les attentats du 13 novembre mettent fin à ces vertueuses contorsions : la liberté d’expression ne se réduit pas, ne se divise pas. Ou elle existe, ou elle n’existe pas. La loi seule est là pour sanctionner ceux qui l’utilisent pour injurier, diffamer. Encore faut-il prouver, dans un débat contradictoire, qu’ils le fassent. C’est de cette liberté que découlent les autres, toutes les autres, celle d’aller et de venir, de s’associer, de vivre chacun comme bon lui semble tant que cela ne nuit pas à autrui. Elles sont solidaires les unes des autres. Les tueurs ont fait par le sang, entre toutes ces libertés, le lien que tant d’esprits, pour des raisons diverses, allant de la mauvaise foi à la stupidité, se refusaient à faire. C’est leur démonstration par l’absurde. » (Article de Philippe Lançon paru sur Libération le 22 novembre 2015 « Les tueurs sont revenus, eux ou d’autres, vivants ou morts… »
« Disons-le finalement : les gens dans différents lieux de Paris ce 13 novembre étaient visés parce qu’ils ont mené une vie abominable et perverse ; ceux et celles qui étaient massacrés à Beyrouth quelques jours auparavant étaient pris pour cible parce qu’ils étaient des mécréants, des chiites en l’occurrence ; les jeunes d’Ankara en octobre ont été massacrés parce qu’ils étaient « athées ». Nous, les anarchistes, disons tout le temps que les moyens déterminent les fins, et il faut l’affirmer encore une fois : même si ces gens pathétiques visent la France pour ses guerres au Moyen-Orient, le Hezbollah pour ses positions stratégiques, les forces kurdes à cause de prétentions géopolitiques dans la région, ils justifient les tueries de gens qui ne sont qu’indirectement impliqués, ou pas impliqués du tout, parce que ces gens sont des pêcheurs, des mécréants, des sodomites, des apostats, des profanes, tout simplement. Tout comme tous ceux et toutes celles qui se sont fait décapiter, torturer, fusiller ou arrêter dans les régions sous contrôle des forces islamistes. Comment peut-on se perdre dans des analyses géopolitiques d’étudiants en première année de sciences politiques et passer à côté de ces quelques faits têtus ? » […]
« Pour vivre enfin, crachons donc sur le sacré et sur tous les dieux. Partons à l’assaut des cieux et encourageons les autres à faire pareil. Parce que les fous de dieu ne tombent pas du ciel, mails ils ne tarderont pas à le faire tomber sur nos têtes. » (« Comme tombés du ciel », article du 17.11.2015 sur le site L’en dehors ; également publié sur Penser libre http://penselibre.org/spip.php?arti...)
Et un peu surprenant, mais l’intelligence peut être partout, c’est une question d’individus :
Une déclaration de Villepin partagée par Fethi sur Facebook
http://www.dailymotion.com/video/x2...
« Face à cette barbarie et cette négation de l’autre, nous souhaitons rappeler qu’Amnesty International défend chaque jour le respect des droits humains ainsi que les valeurs de liberté, de tolérance et de solidarité.
C’est pourquoi Amnesty International invite chacun à résister à la peur et aux réactions de haine qui pourraient en découler.
Nous devons demander la justice et non pas la vengeance.
Les États ont le devoir de protéger leur population, et peuvent à cette fin, dans le cadre du droit international, mener des opérations contre des terroristes et leur organisation. Mais les 15 dernières années ont montré que les politiques antiterroristes violant les droits humains n’avaient en rien protégé les populations de la menace terroriste : elles ont au contraire contribué à renforcer cette menace tout en rognant durablement et gravement sur les libertés de leurs populations. » ( Amnesty International http://www.amnesty.fr/attentats-paris)
En conclusion, nous reprenons des extraits de la réponse de Léonore au communiqué de CAPJPO-EuroPalestine :
« Dans un conflit, la vie ou l’intégrité physique de certaines victimes ne vaut pas plus ou moins que celles d’autres, quel que soit leur « camp » quasiment toujours non choisi mais subi, et quel qu’en soit le nombre, l’horreur des massacres n’étant pas une affaire d’arithmétique. » […]
« Ce qui était visé, à Paris, le 13 novembre, c’était tout ce que l’islam intégriste réprouve : la musique, l’insouciance, l’alcool servi au café, les rencontres entre hommes et femmes. Cet islam répète ce que faisait, il y a quelques siècles seulement, la chrétienté, catholique mais aussi calviniste. Façons de voir, aujourd’hui, de certains groupes que l’on pourrait qualifier de sectes mais qui se revendiquent d’une lecture littérale de la Bible.
Ce qui est à l’œuvre, c’est la religion monothéiste, dans son acception intolérante, ennemie de la vie terrestre puisque convaincue d’un arrière-monde. » […]
« Expliquer, tenter de comprendre, ne peut être en aucun cas accepter… Et donc, je ne peux que le répéter : la violence ne peut être légitime, elle ne résout rien, elle aggrave les conflits, la vengeance les prolonge. On objectera la colère, le désespoir, l’endoctrinement. Sans doute… Mais quel résultat au bout du compte ? »