Un poème d’Yves Le Car
Ne comptez pas sur moi pour vous accompagner Aux monuments aux morts Tant qu’on célébrera ceux qui les ont saignés Et qui saignent encore Des jeunes qui n’ont rien demandé que vivre Entre frères humains C’est un autre chemin qu’il aurait fallu suivre Un tout autre chemin.
Les Poilus de Quatorze morts assassinés Par Pétain et consorts Méritent des honneurs démilitarisés Sans drapeau tricolore Ce drapeau pour lequel on les a fait partir Une fleur au fusil Et à (...)
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Musique des mots
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ONZE NOVEMBRE
21 novembre 2023, par K.S. -
Gaston Couté : Printemps
3 avril 2021, par K.S.Le printemps va bientôt naître. Les hirondelles
Pour que l’azur s’en vienne égayer son berceau
Fendent le crêpe du brouillard à grands coups
Prestes et nets ainsi que des coups de ciseaux.
Des rustres stupides et des corbeaux voraces
Qui s’engraissaient parmi les horreurs de l’hiver
En voyant les oiseaux d’espoir traverser l’air
Se liguent aussitôt pour leur donner la chasse.
Les hirondelles agonisent en des cages,
Leur aile saigne sous la serre des corbeaux,
Mais parmi l’azur (...) -
Je ne m’adosserai à rien
31 décembre 2019, par K.S.Finalement
Je ne m’adosserai à aucune pensée
Finalement
Je ne m’adosserai à aucune religion
Finalement
Je ne m’adosserai à aucun savoir
Finalement je ne m’adosserai à aucun pouvoir
Vivre longtemps m’a appris au plus profond du cœur
À ne croire qu’en ce que je vois et entends moi-même
À ne me tenir que sur mes propres jambes
Face à l’adversité
Si je devais m’adosser à quelque chose
Ce serait à un dossier de chaise.
Noriko Ibaragi [1]
Traduction de Camille Loivier -
L’Adieu à la patrie, par Luc Durtain.
11 novembre 2019, par K.S.Cet homme fort, carré Mais voûté, lent, de l’usure au cuir des joues Et le regard alourdi par la paupière qui pèse, Incertain dans ses frusques civiles d’il y a cinq ans, trop amples : Il fait, au sol de la patrie, Un pas, le dernier…
Et, soudain, Il s’est rappelé tous ses pas suprêmes :
Celui qu’il fit hors des siens, Hors de lui-même, hors de la vie, L’an quatorze, au seuil De la caserne carrée comme un devoir ; Celui qu’il fit, mille, vingt mille Fois de suite, par delà Le bout de (...) -
Je connais tous les contes
26 août 2019, par K.S.Je ne sais pas beaucoup de choses, il est vrai.
Je ne dis rien d’autre que ce que j’ai vu.
Et j’ai vu :
que l’on berce le berceau de l’homme avec des contes
que l’on étouffe les cris d’angoisse de l’homme avec des contes
que l’on éponge les larmes de l’homme avec des contes
que l’on enterre les os de l’homme avec des contes
et que la peur de l’homme…
a inventé tous les contes.
Je sais très peu de choses, il est vrai, mais on m’a endormi avec tous ces contes…
Je connais tous les (...) -
Petit Papa Noël
21 décembre 2018, par K.S.Petit Papa Noël J’ai descendu nos poubelles Débordantes des jouets guerriers De tous les mômes du quartier.
Pour nous faire plaisir Il faudrait enfin choisir : Soit, c’est la fête des enfants ; Soit, c’est la fête des marchands.
Les marchands de mort, même en miniature, Tous les enfants en ont assez ! Il serait grand temps que ces pourritures, On en soit débarrassé.
Petit Papa Noël Quand tu verras nos poubelles Avec ses horreurs par milliers Tu seras dans tes p’tits souliers.
Tous (...) -
L’Homme et la Couleuvre
18 décembre 2018, par K.S.Aujourd’hui encore, prévaut l’utilitarisme, qu’il s’agisse des humains, ou des espèces animales ou végétales, que l’on exploite, consomme, détruit, sans visée sur les conséquences à long terme, sans éthique non plus. La Fontaine se servit très fréquemment dans ses fables de nos co-locataires sur cette planète pour exprimer des idées souvent très subversives. Critiquer l’humain et son ingratitude vis-à-vis des autres espèces fait de cet auteur notre contemporain, même si « Parler de loin, (...)
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En ces temps de commémoration : un poème d’Eugène Bizeau
10 novembre 2018, par K.S.Un jour, baissant la voix, j’ai dit à mon enfant :
« Tu n’iras point porter des fleurs au monument,
Dussions-nous encourir la haine du village…
Les pauvres soldats morts à la fleur de leur âge
Ont connu sur la terre un pénible destin ;
En moi leur souvenir ne s’est jamais éteint,
Et bien des fois, tout seul, j’ai sangloté dans l’ombre
En pensant au total effrayant de leur nombre…
De tout mon cœur, amer et triste, je les plains !
Je sais qu’ils ont laissé de petits orphelins
Et de (...) -
La Visite
17 décembre 2017, par K.S.On n’était pas des Barbe-Bleue, Ni des pelés, ni des galeux, Porteurs de parasites. On n’était pas des spadassins, On venait du pays voisin, On venait en visite. On n’avait aucune intention De razzia, de déprédation, Aucun but illicite, On venait pas piller chez eux, On venait pas gober leurs oeufs, On venait en visite. On poussait pas des cris d’Indiens, On avançait avec maintien Et d’un pas qui hésite. On braquait pas des revolvers, On arrivait les bras ouverts, On venait en visite. Mais (...)
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La Ballade des gens qui sont nés quelque part
17 décembre 2017, par K.S.C’est vrai qu’ils sont plaisants, tous ces petits villages, Tous ces bourgs, ces hameaux, ces lieux-dits, ces cités Avec leurs châteaux forts, leurs églises, leurs plages, Ils n’ont qu’un seul point faible et c’est d’être habités. Et c’est d’être habités par des gens qui regardent Le reste avec mépris du haut de leurs remparts, La race des chauvins, des porteurs de cocardes, Les imbécil’s heureux qui sont nés quelque part, Les imbécil’s heureux qui sont nés quelque part. Maudits (...)