La Pologne est aujourd’hui l’un des pays d’Europe où le droit à l’avortement est le plus restrictif. Pendant des décennies, il fut libre et gratuit. Mais depuis 2020, il n’est plus légal que si la grossesse résulte d’une agression sexuelle ou d’un inceste, ou si elle constitue une menace directe à la vie ou à la santé de la mère. Dans cette région d’Europe de forte tradition catholique, beaucoup de médecins refusent d’intervenir, même dans ces cas.
De ce fait, des milliers de polonaises souhaitant avorter vont vers d’autres pays européens, ou se fournissent illégalement en pilules abortives sur place.
Justyna Wydrzyńska milite pour le droit à l’avortement en Pologne. Co-fondatrice du collectif « Abortion Dream Team », elle fournit des informations médicales aux personnes souhaitant avorter et défend le droit à un avortement sûr et légal en Pologne.
Après avoir été, le 22 novembre 2021, accusée d’avoir aidé une personne à avorter illégalement en lui fournissant des médicaments, elle a été le 14 mars 2023 reconnue coupable en vertu de l’article 152.2 du Code pénal pour « aide à l’avortement », par le tribunal de district de Varsovie-Praga et condamnée à huit mois de travaux d’intérêt général. Justyna et ses avocats ont fait appel.
Depuis, Amnesty international la soutient et espère obtenir le maximum de signatures de cette pétition : https://www.amnesty.fr/droits-sexue....
A noter que tout récemment, le 12 juillet, le parlement polonais à majorité de droite et d’extrême-droite, a rejeté une proposition de loi visant à décriminaliser l’aide à l’avortement, à une faible majorité, 218 voix contre 215.
Krzysztof Bosak, leader de Konfederacja, parti d’extrême-droite, a ainsi commenté sur X ce rejet : "Bravo ! Le projet d’avortement (préparé par) des fanatiques de gauche est rejeté (...) Le lobby de l’avortement ne sera pas exempté de la responsabilité légale de ses activités mortelles". Tandis que Klaudia Jachira, députée de la Coalition civique, qui a voté pour l’assouplissement de la loi, a constaté amèrement que "l’enfer des femmes se poursuit" en Pologne.
L’aide à l’IVG reste donc toujours passible de trois ans de prison.
Léonore