Un site fait (re)découvrir la pensée de Bernard Charbonneau :
https://lagrandemue.wordpress.com/
« Si Bernard Charbonneau n’a pas connu l’audience qu’il méritait, c’est sans doute parce qu’il a eu le tort d’avoir raison trop tôt : la critique du système technicien et du développement industriel était inaudible dans ces « Trente Glorieuses » tout à la gloire du Progrès. C’est peut-être aussi parce que la radicalité de ce visionnaire effrayait ses contemporains. Au début des années 1970, quand le mouvement écologique naissant se souvint de ses précurseurs, Bernard Charbonneau connut un semblant de notoriété et participa à la naissance du journal La Gueule ouverte. Mais il s’opposa à la création d’un parti politique écologiste et publia en 1980 Le Feu vert, une profonde « autocritique du mouvement écologique » qui fit date et le renvoya dans ses pénates béarnais. Dans un texte crépusculaire intitulé « La spirale du désespoir », il donnait son sentiment devant le rejet dont il avait été victime :
Seul ? – Quoi d’étonnant ? puisque j’ai fait un pas de trop hors des rangs. Pourquoi m’indignerais-je parce que ma société refuse d’accepter une œuvre qui la met en cause ? On m’ignore ? – Mais je me suis écarté de la grand-route. C’est le prix payé pour les joies et le sens que la poursuite du vrai a donnés à ma vie. C’est mon devoir, ma dignité. Ma vertu, celle qui jusqu’au bout aura orienté et mené en avant ma vie [1]. »
In Préface de Jean Bernard-Maugiron à la réédition de L’Homme en son temps et en son lieu, RN, 2017
J’ai découvert ce site consacré à Bernard Charbonneau grâce à "Pièces et main d’oeuvre" https://www.piecesetmaindoeuvre.com/ qui propose un texte de 1937 du jeune Bernard Charbonneau (à retrouver également sur le site "La Grande Mue" cité plus haut) . Il s’agit d’un projet de règlement pour une fédération des amis de la nature (Annexe inédite au Sentiment de la nature, force révolutionnaire, 1937.) . Un texte vivant qui devrait inspirer toutes les personnes souhaitant résister à la destruction de la Nature et dont on trouvera plus loin quelques extraits.
Quelques précisions quant aux positions de Bernard Charbonneau, trouvées dans un autre article de "Pièces et main d’oeuvre" https://www.piecesetmaindoeuvre.com...) intitulé "Charbonneau : Le Monde diffuse de fausses informations" :
« Bernard Charbonneau (Bordeaux, 1910 – Saint-Palais, 1996) n’a pas eu souvent les honneurs du Monde, lui qui fut durant la plus grande partie de sa vie occulté, sinon méprisé, par la presse et l’édition de son pays. Mais il est des hommages posthumes dont il se serait bien passé.
Un certain Luc Chatel (rien à voir avec le politicard sarkozyste, même s’il s’est servi de cette homonymie pour monter un canular douteux) signe le 20 décembre 2020 dans le journal officiel de la technocratie un article intitulé « Comment le christianisme influence l’écologie politique » où notre libertaire gascon est par deux fois qualifié de « théologien protestant ». « Théologien protestant » ! On entend d’ici trembler sous ses vociférations la pierre tombale du Boucau où Charbonneau est inhumé aux côtés de sa femme Henriette. Comment peut-on écrire et publier de telles contre-vérités ? Est-ce la paresse et l’incompétence d’un journaliste, un nouveau canular ou bien une de ces diffamations dont Le Monde s’est déjà rendu coupable par le passé [2] ?
Il aurait pourtant suffi aux Décodeurs, la cellule de « vérification des faits » du Monde, d’ouvrir n’importe lequel des ouvrages de Bernard Charbonneau ou de faire la moindre recherche pour apprendre que ce libre penseur n’avait rien d’un « théologien » – pas plus que d’un « protestant » d’ailleurs puisqu’il fut baptisé et reçut une vague éducation catholique jusqu’à sa communion solennelle.
Son ami Jacques Ellul qui était, lui, croyant, s’en désolait :
" Nous avons vécu à la fois dans une très grande proximité d’idées et dans une perpétuelle confrontation ; car il était non chrétien et même assez violemment antichrétien. Ce qu’il ne supporte pas chez les chrétiens, c’est d’avoir trahi, en tout, ce que Jésus a porté sur la terre. Ainsi, à chacune de nos rencontres j’ai eu à subir un procès des chrétiens. Il montre toujours une extrême violence à l’égard des chrétiens, d’autant plus grande qu’il a parfaitement compris ce qu’aurait dû être le christianisme, ce qu’auraient dû vivre les chrétiens" [3] . »
Comme annoncé plus haut, quelques extraits du règlement - on pourrait dire du manifeste - de cette "Fédération des amis de la nature" :
Art. 1 – La fédération des amis de la nature s’est fondée pour grouper tous ceux pour lesquels fuir le bureau et la ville est devenu un besoin essentiel. La fédération n’a pas été fondée pour organiser des « loisirs », le retour à la nature pour celui qui vit dans le monde actuel n’est pas un divertissement mais une nécessité.
Art. 2 – La fédération des amis de la nature est une organisation complètement indépendante, les exigences du sentiment de la nature n’ont rien à voir avec les mythes politiques. L’homme qui pénètre dans la forêt vient aujourd’hui chercher une vie plus simple et plus libre et les partis politiques ne lui proposent qu’une mystique confuse et un embrigadement.
[...]
Art. 4 – La fédération des amis de la nature n’est pas une organisation sportive, elle acceptera ceux qui ont besoin de luttes en montagne, mais non ceux qui cherchent à accomplir des performances pour étonner la galerie. Le véritable ami de la nature ne cherche pas à devenir un acrobate, mais un vrai marin, un vrai paysan, un vrai montagnard : connaître le temps, passer la chaîne hiver comme été, battre le pays dans tous ses recoins, voilà son but.
[...]
Art. 6 – Mais le véritable ami de la nature sait que si elle n’est pas défendue, la nature finira par être exploitée par les organisations de loisirs capitalistes ou gouvernementales ; il n’y aura pas de place pour la véritable lutte et la véritable solitude, il n’y aura de choix qu’entre les pays d’alpinisme sportif et les pays de promenade. D’autre part, si le véritable ami de la nature se méfie des touristes, il sait la joie qu’il éprouve à faire connaître son pays à ses compagnons. Le temps est donc venu de constituer une association de défense de la nature contre tous ceux qui veulent l’utiliser : partis, gouvernements, syndicats d’hôteliers.